Des Œdicnèmes criards équipés de balises GPS
La France accueille 21% des effectifs européens d’œdicnème criard. L’espèce étant en déclin, un projet national collaboratif, auquel participe Île-de-France Nature, vise à initier une campagne de suivi à grande échelle. Pour ce faire, certains oiseaux embarquent sur leur dos de petites balises GPS. Les précieuses données obtenues sont encore à l’étude mais les premières observations sont déjà surprenantes.
Pourquoi suivre l’œdicnème criard ?
L’œdicnème criard est un oiseau migrateur nichant partout en Europe et jusqu’en Asie centrale. C’est un oiseau nocturne, très discret en journée, et donc peu observé et mal connu. Il occupe néanmoins nos espaces agricoles, et comme tous les oiseaux des plaines cultivées, sa population décline fortement. Si la baisse des ressources alimentaires et la réduction de ses habitats peuvent expliquer en partie ce phénomène, nous devons reconnaître ne pas tout savoir. D’un réel intérêt scientifique, le suivi à long-terme de l’espèce profitera autant à préserver l’espèce qu’à valoriser le patrimoine environnemental sur lequel opèrent au quotidien tous les acteurs des espaces naturels.
L’intérêt du GPS
Les oiseaux sont équipés d’un GPS de type « sac à dos » pesant moins de 3% de leur poids. Cet outil permet de nombreuses mesures telles que les déplacements de l’oiseau, sa vitesse, l’orientation de son corps, son accélération, etc.
Plus concrètement, les mesures GPS permettent d’étudier précisément :
- Les migrations (dates, trajets, performances, distances parcourues, vitesse).
- L’occupation des espaces (territoires de reproduction, de repos en journée, d’alimentation, de rassemblements et d’hivernage)
- La reproduction
- La détection d’activité et la mortalité
- Le comportement de l’animal et son rythme au quotidien
De l’Île-de-France au Maroc
A35 est une femelle. Elle est le premier oiseau équipé en 2020 d’un GPS sur le dos. Sa migration est donc mesurée avec précision. Le 7 octobre 2020, elle quitte l’Île-de-France pour un long voyage vers le sud. Elle ne vole que de nuit et trouve à franchir les Pyrénées à 2 500 m d’altitude. Sa vitesse de pointe est mesurée à 124 km/h. En 5 jours et après 2 000 kilomètres parcourus, elle trouve au Maroc son lieu de résidence hivernal qu’elle occupe quatre mois et demi durant. Au printemps suivant, elle remonte selon une trajectoire sensiblement différente mais retrouve très exactement son lieu de nidification initial. Des données extrêmement précises, qui permettent de mieux comprendre le maillage entre les différents territoires de l’oiseau, connectés entre eux (territoires prénuptial, de reproduction , postnuptial, d’hivernage, de regroupement, de nidification, de repos diurne et d’alimentation nocturne).
Une étude au long court pour l’avenir de l’espèce
Un couple d’Œdicnème pourrait-il se maintenir si un seul maillon de son espace vital venait à manquer ? Dans l’intérêt de l’espèce, et pour que l’aménagement du territoire et les pratiques agricoles puissent affiner leur rôle à l’égard de la biodiversité, le Programme se poursuit. Aujourd’hui, treize oiseaux sont bagués et dix sont équipés d’un GPS (en priorité les couples). Cinq émetteurs supplémentaires seront posés en 2022 pour prolonger l’étude et approfondir la connaissance de cette espèce menacée. A35, quant à elle, se prélasse encore au Maroc. Elle devrait remonter vers l’Île-de-France d’ici deux à trois semaines. A suivre sur les réseaux sociaux !
Pour en savoir plus :
Le programme National de suivi de l’Oedicnème criard Burhinus oedicnemus : https://www.oedicneme-criard.ovh/
Étude initiée par Gérard BAUDOIN et Sophie COSTE-DURIEUX
Avec le centre d’études biologiques de Chizé, l’ Association pour la sauvegarde de l’environnement d’ Épône, Natura 2000, Île-de-France Nature, Le Muséum d’histoire naturelle.